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 À force de merdes qui ont pu m'arriver dans la vie, mais aussi et surtout dans la vie des personnes auxquelles je tiens, j'ai construit mon caractère sur le "positivisme".
Toujours voir le positif à venir dans une situation.
C'est ma manière de (me) protéger contre la violence du monde.
Alors bon, entendons-nous, y'a pas forcément réellement de positif dans certaines situations, mais je m'arrange mentalement pour me dire que ça aurait pu être pire, donc au final "c'est pas si mal".

J'avoue que je m'auto-énerve avec ces réflexes, notamment parce que ça me force à beaucoup masquer quand ça ne va pas ("Oui, il m'est arrivé ça, c'est horrible, mais à bien y réfléchir, j'en tire tel enseignement/je m'en sors pas si mal grâce à vous mes amies/ça me donne telle opportunité", etc).

J'aime beaucoup me dire que j'ai de la chance dans mon malheur, ça me rassure. Et souvent c'est vrai, regardez la merde dans laquelle j'étais et comment j'ai réussi à m'en extirper grâce à vous ici !

Mais, aussi, j'aimerais m'autoriser à pleurer. Genre laisser s'exprimer le trauma sans en faire une "expérience de vie". J'aimerais m'accorder ce droit d'aller complètement mal, plus longtemps que quelques heures. Mais je n'y arrive plus. Même, quand je commence à me laisser choir, je culpabilise et j'essuie mes larmes. (Comme juste présentement en écrivant ce paragraphe).

En grandissant, j'ai oublié le tactile. Les câlins, les vrais, ceux qui nous laissent pleurer en nous protégeant de leur bras.
Même pour les autres.
Quand je vois ma soeur d'amour pleurer, je n'ose plus la prendre dans mes bras, c'est à peine si je lui touche l'épaule en réconfort. 
D'un côté parce que beaucoup de câlins ont pu être une forme d'abus à mon encontre, dès l'adolescence et allant en s'empirant dans ma vie de jeune adulte, d'un autre côté parce que je n'ai pas connu les câlins réconfortants psychiquement quand j'étais enfant, parce que mes parents et le psychologique ça fait 3 000.

J'ai beaucoup trop tôt dû compter sur moi et mes ressources pour continuer de vivre, au sens propre.

(J'ai beau fanfaronner sur le fait que ce soit moi qui ai demandé à voir une psy à 11 ans parce que je supportais "trop" de choses, en fait c'est juste pas normal que cette idée ait dû venir de moi !)

Bref, revenons au présent. 

Oui, je kiffe ma vie seule. Vraiment. Je souffle, je gère mon quotidien comme je veux, je n'ai de compte à rendre à personne, j'ai les chats, c'est juste génial !

Mais. 

Je sombre. Si au début dans mon élan d'énergie j'ai réussi à avancer mon projet d'entreprise comme il fallait, depuis jeudi dernier je ne fous rien. Je dis que je vais bosser, mais non, c'est juste un mot écrit dans mon agenda que je ne respecte pas. 
Je ne dirais pas que c'est un début de dépression, mais juste je n'ai plus l'énergie. 
Je fais des trucs qui me plaisent, un peu (sortir, écrire ici, etc), mais c'est tout niveau activités personnelles. 
Je fais vraiment le strict minimum dans ce qui est obligé : m'occuper des chats, même les litières ! Et tenir à peu près propre et rangé mon appart, je sais pas pourquoi, j'y tiens, moi la bordélique et pas fan de ménage. Genre mon appart est mieux entretenu que quand j'étais avec mon ex-mari qui me mettait la pression sur ça, c'est dire !

Manger ? Je n'ai pas vraiment très faim et rien ne me fait vraiment envie. Même en commandant. C'est assez compliqué du coup. Hier soir j'ai utilisé pour la première fois les plaques de cuisson, je me suis fait des pâtes. Avec de la margarine pour mieux faire passer ça dans ma gorge irritée par ma toux allergique (qui va quand même mieux ). 
Du coup quand je suis en mode "j'ouvre le frigo machinalement" ou quoi, je finis par me prendre un truc sucré à boire. Et même là, malgré le choix très varié, c'est compliqué parce que rien ne me fait envie en particulier. Juste faut que je prenne quelque chose si je veux aller fumer. 

Dimanche je m'étais prévu un programme tranquille, après avoir bien comaté samedi. Genre changer les litières, faire une lessive, lancer le lave-vaisselle, prendre une douche, passer une commande pour les chats. Et c'est tout !
Bé finalement je n'ai fini ce programme que hier à 23h en prenant enfin ma douche. 

J'ai l'impression de n'arriver à rien.
(Et vous savez ce que me dit mon positivisme, sans forcément avoir tort d'ailleurs : "tu as assez fait ces derniers mois, c'est normal de craquer un peu, tu vas bientôt retrouver l'énergie, regarde en plus avec le bullshit de ta conseillère pôle emploi et de l'agefiph, tu as gagné minimum 15 jours pour finaliser ton projet, c'est moins urgent, profite-en pour t'effondrer maintenant, c'est pile le bon moment du coup tu vois").

Je ne peux même pas regretter la vie à deux parce que mes compagnons ne m'ont jamais vraiment déchargée du quotidien ni soutenue pleinement, vu qu'ils ne comprenaient pas vraiment mon état. 

Bref.
Je vais remonter la pente. 
 @5f593062 soutien 💜 tu as le droit d'aller mal oui, et de le vivre mal aussi.