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Les futurs horlogers viennent d’investir leur campus flambant neuf à Genève

<img src="https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/49d96d89-fbd3-4a20-83f5-30b07def6ad7/medium" /><p>Le campus de la fondation ForPro vient d&#39;ouvrir ses portes à Plan-les-Ouates (GE). En cette rentrée 2023, les élèves de l’Ecole d’horlogerie ont eu l&#39;occasion d&#39;étrenner ces nouveaux espaces, conçus pour favoriser l&#39;autonomie et le lien avec l&#39;industrie. L&#39;ambition est claire: donner un coup de fouet à la formation professionnelle au bout du lac.   </p><p>Au cœur de l’Espace Tourbillon, dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates (ZIPLO), un <em>«campus pour la formation professionnelle»</em> est en train d’éclore, selon les mots de François Abbé-Decarroux, président de ForPro et directeur général de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO).</p><p>Le bâtiment, de 22&#39;000 m² sur six étages, <a href="https://www.heidi.news/explorations/geneve-une-puissance-industrielle-qui-s-ignore/geneve-construit-un-paradis-pour-apprentis-afin-que-renaisse-la-formation-professionnelle" rel="nofollow noopener" target="_blank">avait déjà fait du bruit dans les médias</a>, avant même le début des travaux. Ce sont désormais les murmures, rires et cris des élèves, le ronronnement des machines et les conseils des enseignants pendant les cours qui le traversent. L’Ecole d’horlogerie de Genève vient d’y prendre ses quartiers à l’avance, sur 8500 mètres carrés, avant la mise en route opérationnelle de la fondation prévue pour septembre 2024.</p>#### **Lire aussi:** [Genève construit un paradis pour apprentis afin que renaisse la formation professionnelle](https://www.heidi.news/explorations/geneve-une-puissance-industrielle-qui-s-ignore/geneve-construit-un-paradis-pour-apprentis-afin-que-renaisse-la-formation-professionnelle)

L’achat et l’aménagement du bâtiment ont coûté 125 millions de francs, payés par la fondation Wilsdorf, propriétaire de Rolex, qui le met à disposition de ForPro en droit de superficie pour 20 ans. L’investissement est à la hauteur de l’enjeu: redonner ses lettres de noblesse à la formation professionnelle à Genève, qui en a bien besoin. *«Orientation, soutien, développement de compétences hors apprentissage, aide au réseautage, à l’entrepreneuriat, nous les accompagnerons sur tout leur parcours»*, soutient François Abbé-Decarroux.

### Un apprentissage plus autonome

Le concept? Les jeunes construisent eux-mêmes leur projet professionnel par l’action, conçoivent, fabriquent des objets dans un *lab*, revisitent la gestuelle d’un métier, expérimentent un stage dans une entreprise partenaire, déterminent les apports dont ils ont besoin pour façonner leur avenir. Le tout en bénéficiant de l’écosystème de Plan-les-Ouates.

A quelques centaines de mètres, le site de Spark (pour *«skills park»*, parc de compétences), porté par la Fédération des entreprises romandes (FER), en collaboration avec le canton, la commune et la Caisse interentreprises de prévoyance professionnelle (CIEPP), suit d’ailleurs une voie similaire. Des cours interentreprises et d’aide à l’orientation, ainsi que des espaces dédiés, sont proposés aux détenteurs de CFC souhaitant se mettre à leur compte.

**<section class=box>L’essor des labs**

<br/>Au mur, les post-it multicolores, schémas de développement des compétences et de possibilités de parcours démontrent que beaucoup de gens ont phosphoré pour concevoir le nouveau campus visant à relancer la formation professionnelle à Genève. La configuration a été mûrie par la fondation ForPro en collaboration avec les futurs utilisateurs, les entreprises, les professionnels intéressés, l’Etat et les partenaires sociaux.

<br/>Des sessions collaboratives rassemblant jusqu’à 100 personnes ont été mises en place en 2021 pour répondre à leurs attentes et faire en sorte que les jeunes découvrent par eux-mêmes, prennent conscience de leurs compétences et effectuent leurs choix de manière autonome au gré des ateliers (constructions de robots, organisation d’évènementiel, réalité virtuelle, élaboration de menus de restaurant…) afin de tricoter un projet.

<br/>De ces réflexions sont nés plusieurs fruits, comme le LearningLab, lieu de vie basé sur l’échange, le mentorat, la transmission des savoirs et compétences pour fournir un soutien scolaire et professionnel. Le MakerLab, lieu de fabrication ouvert 24/24h pour créer, expérimenter, échouer puis recommencer — une centaine de projets pourront y être accueillis en parallèle. Quant au FoodLab, il nourrira les usagers du bâtiment et du quartier, servant 300 à 400 repas par jour et formant une vingtaine de jeunes aux métiers de la restauration.**</section>**

### **Une ouverture à l’industrie**

C’est donc l’Ecole d’horlogerie qui prend les devants. *«La première rentrée a eu lieu début septembre, avec une cinquantaine d’élèves micro-mécaniciens. Les formations à d’autres métiers viendront petit à petit en octobre pour atteindre 300 élèves. L’ensemble sera opérationnel le 6 novembre»*, récapitule Pierre Amstutz, directeur de l'Ecole d'horlogerie de Genève qui s’apprête à fêter ses 200 ans l’année prochaine.

Chaque jour, 200 élèves horlogers seront présents, les auteurs fréquentant le centre de formation professionnelle technique (CFPT) du Petit-Lancy où se dispense encore l’enseignement général.

*«Les premières années vont effectuer leur apprentissage dans un lieu industriel, ce qui est synonyme d’ouverture. Jusqu’à maintenant, ils évoluaient dans leur centre de formation»*, se réjouit Joëlle Mathey, directrice de la Fondation ForPro, qui apprécie l’animation nouvelle sur le site. *«Le rez-de-chaussée aux parois transparentes, rempli de machines et d’élèves, joue désormais le rôle de vitrine»*.

En mai 2024, les entreprises partenaires auront toutes investi les lieux. Et à l’été prochain, les labs seront ouverts et les 150 élèves apprentis présents.

### **La mutation du métier d’horloger**

Le pari de base du bâtiment est celui de la modularité. *«Les usages et pédagogies vont évoluer indépendamment des locaux que nous avons prévus sur le papier»*, anticipe Joëlle Mathey. Message reçu du côté de l’Ecole d’horlogerie. Les responsables de la formation des apprentis chez Rolex, Vacheron Constantin, ou Piaget, ne regardent pas uniquement d’un œil attentif cet emménagement pour la nouvelle proximité avec l’industrie qu’il va induire. Ils s’intéressent aussi à la rupture pédagogique qui ira de pair avec l’investissement de ce nouvel espace *(voir entretien en fin d’article)*, mieux adapté que les locaux du Pont Butin.

![Horlogerie - Photo 2.jpg](https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/04b83eac-6579-43bc-a33d-85219caa432d/large)

*«Les métiers ne sont pas ceux d’hier, les technologies sont plus sophistiquées et en parallèle l’employé lambda doit détenir plus de compétences transversales. Nous devions enseigner différemment, en multiniveaux»*, explique Pierre Amstutz. Le directeur attend aussi beaucoup des interactions avec l’environnement initié par la fondation ForPro: *«les labs peuvent servir à nos élèves et enseignants qui devraient aussi apporter des compétences, les associations, entreprises, indépendants peuvent être formateurs ou ouvrir des stages, les programmes de suivis d’élèves peuvent combler des lacunes… Les passerelles seront constantes».*

Sans compter les mutualisations et optimisations. *«Nous utiliserons par exemple des salles de cours en journées qui ne seront pas occupées le soir et pourront servir à ForPro sur les heures tardives.»* Enfin, plus prosaïquement, le fait de détenir l’ensemble des machines en un même lieu permettra de renforcer la maintenance préventive plutôt que les interventions curatives. Une vraie fourmilière optimisée, idéale pour basculer dans un troisième siècle d’existence…

**<section class=box> Vers une nouvelle façon de former**

<br/>Trois questions à Pierre Amstutz, directeur de l’Ecole d’horlogerie de Genève.<br/>

<br/>**Pourquoi ce déménagement?**

Lorsqu’au 19e siècle, les premières écoles d’horlogerie furent créées, pour répondre à une demande des fabricants, l’organisation du travail se caractérisait par une division des tâches poussée à l’extrême. Les élèves doivent aujourd’hui acquérir des compétences plus poussées, mais aussi transversales. L’enseignement change donc continuellement. Il y a 14 ans, lorsque je suis devenu directeur, nous étions 180, contre 300 aujourd’hui. Nous proposions trois formations métiers, huit aujourd’hui : polisseur AFP, opérateur en horlogerie AFP, CFC de termineur en habillage horloger, qualiticien en microtechnique CFC, horloger de production CFC, technicien ES en microtechnique… Il fallait changer de locaux et en profiter pour faire évoluer le projet pédagogique.<br/><br/>

**En quoi ce nouvel espace favorise-t-il de nouvelles pédagogies?**

Nous avons pensé l’école dans sa structure et ses fonctionnements, ses flux de circulation, mais aussi ses flux de collaboration. Concrètement, c’est la fin de la configuration limitante «une classe en un lieu avec un enseignement, et un parc machine pour les micromécaniciens». Désormais, les élèves de la 1e à la 4e année vont être réunis, afin de bénéficier de l’ensemble des moyens et compétences des enseignants. Ces jeunes, qui passeront les quatre années ensemble dans la même zone, travailleront par paires: un élève de quatrième année va «coacher» un deuxième année. Et au-delà de cette interactivité que nous offre l’espace, nous pourrons personnaliser le parcours pédagogique des élèves et agir au mieux sur l’évolution de leurs compétences individuelles. Les quatre enseignants devront travailler davantage ensemble, se cordonner, ce qui sera aussi gage d’enrichissement.<br/><br/>

**Le fait d’être présent à Plan-les-Ouates change-t-il votre relation avec l’écosystème horloger?**

C’est l’endroit rêvé pour l’Ecole, au centre d’un réseau dense d’entreprises horlogères et de leurs fournisseurs. L’ensemble des métiers cités existent sur la zone industrielle. De quoi envisager des collaborations toujours plus intenses avec ces partenaires en puissance, sensibles au nombre de places d’apprentissages possibles pris en charge par l’Ecole. Prenez un acteur comme OPTItool, qui propose des outils de précision en métal dur. Nous comptons tisser toujours plus de liens avec ce fournisseur. Et puis nous découvrirons forcément de nouveaux acteurs. Il sera plus aisé d’aller prendre un café avec eux de manière informelle afin de cerner leurs besoins et de mettre en place des stages par exemple. On sous-estime souvent la simplicité de se situer physiquement dans le même quartier. L’Ecole s’affirme un peu plus comme un maillon de l’écosystème et les élèves baignent dans une ambiance professionnelle. **</section>** \
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*Les articles de cette Exploration ont été réalisée avec le soutien financier de l'Office de Promotion des Industries et des Technologies de Genève.*

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