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Et demain, quelle place pour les agricultrices?

<img src="https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/514043a7-45e8-4141-ae31-04f22f5a0d59/medium" /><p>Il n’y a pas si longtemps, l’agriculture était un métier d’hommes, éventuellement assistés de leur épouse. Désormais, près d’un agriculteur nouvellement formé sur quatre est une femme. Mais il reste du chemin à parcourir pour que les femmes soient reconnues comme des paysannes à part entière. La rémunération et l’accès à la terre restent des enjeux majeurs.</p><p>Imaginez. Un monde dans lequel près de la moitié des femmes travailleraient dur sans être rémunérées – de longues heures et des activités souvent pénibles, en plus des tâches liées au ménage et aux enfants, assorties de très rares vacances. Sans salaire, ni reconnaissance, ni protection sociale. </p><p>On ne parle pas ici d’un pays africain ou de l’Iran des mollahs, mais de la Suisse de 2023, ce petit Etat riche et heureux au cœur de l’Europe… Du monde agricole, plus précisément, où perdurent des inégalités extrêmement marquées.</p><p>Le parcours d’Ariane est révélateur. Fille de paysans, elle épouse à 21 ans un agriculteur qui vient de reprendre le domaine familial des hauts de Lausanne. Après un apprentissage de commerce, Ariane, qui se dit <em>«malheureuse comme un pou dans son travail de bureau»</em>, le quitte pour seconder son mari à la ferme et <em>«s’épanouir dans cette vie en plein air, très physique»</em>. Au fil des années et de la naissance de cinq enfants, elle prend des poules, des cochons, développe la vente directe en créant un des premiers marchés à la ferme, qui devient vite florissant.</p><p>Entre-temps, son couple se délite. En trente ans de vie commune, Ariane n’a jamais perçu de salaire ni contribué aux assurances sociales. Le réveil sera brutal: <em>«A 55 ans, je me suis retrouvée sans un sou et quasiment à la rue»</em>. De tempérament optimiste, elle ne se laisse pas abattre, contracte un prêt et lance une activité de traiteur au sein d’une organisation agricole. Elle en rit parfois aujourd’hui, évoquant son <em>«premier salaire, touché à 55 ans»</em>…</p>
<h3><strong>Du travail non reconnu</strong></h3>
<p>En 2022, l’OFAG a commandé <a href="https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/73574.pdf" rel="nofollow noopener" target="_blank">une étude</a> pour mieux comprendre le phénomène. Réalisée par Agridea, elle a ciblé 1500 exploitations agricoles employant des femmes ou dirigées par des femmes. Sur 778 femmes ayant répondu au sondage, un tiers (32%) déclarent ne percevoir de revenus. Le chiffre donne une estimation basse, puisque seulement 55% déclarent recevoir un salaire, les 12% restants n’ayant pas répondu à la question de leurs revenus. Par ailleurs, la moitié (53%) des femmes interrogées travaillent à côté de leur activité à la ferme.</p><p>L’agriculture demeure un univers patriarcal, analyse Anne Challandes. Présidente de l’Union Suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) et vice-présidente de l’Union Suisse des Paysans (USP) depuis 2019, elle se bat depuis une douzaine d’années pour faire évoluer la situation. Dans un pays qui, en la matière, ne s’est pas signalé par son progressisme: la Suisse est un des derniers pays d’Europe à avoir accordé le droit de vote aux femmes (en 1971) et elle a attendu 1988 pour réviser son droit matrimonial. </p><a href="/articles/et-demain-quelle-place-pour-les-agricultrices">Voir plus</a>

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