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Massacre de Sabra et Chatila: quand Israël laisse faire et que le CICR doit se taire

<img src="https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/242b1990-8dd7-4f2d-b1b4-07859d8297cf/medium" /><p>Le 16 septembre 1982, dans Beyrouth assiégée, des phalangistes chrétiens pénètrent dans Sabra et Chatila, avec la complicité d’Israël. Enragés par l’assassinat de leur président deux jours plus tôt, les miliciens tuent, pillent et violent des Palestiniens sans défense –  femmes, enfants, vieillards, et jusqu’aux animaux. Le massacre dure trois jours. Le CICR est en première ligne face à l’horreur, mais son rôle est d’aider les victimes, pas de dénoncer les coupables. Nos témoins racontent.</p><p><em>Fin de l’été 1982, en pleine opération israélienne au Liban. Tel-Aviv obtient que les derniers combattants de l’OLP retranchés dans Beyrouth assiégée embarquent avec leur leader Yasser Arafat sur des navires américains, laissant le quartier palestinien de Sabra et le camp de réfugiés palestiniens voisin de Chatila sans défense. Le 14 septembre, le président libanais chrétien Bachir Gemayel est assassiné dans un attentat à la voiture piégée, aux commanditaires alors inconnus. Les milices chrétiennes enragées se vengent contre les Palestiniens.</em></p><p><em>Les profils des délégués et anciens du CICR qui témoignent sont disponibles <a href="https://www.heidi.news/explorations/cicr-un-demi-siecle-dans-les-coulisses-du-proche-orient/israel-palestine-liban-les-onze-anciens-du-cicr-qui-temoignent" rel="nofollow noopener" target="_blank">dans le premier épisode.</a></em></p>
<h3><strong>Carlos Bauverd</strong></h3>

<h4><strong>«Une situation qui ne peut aboutir qu&#39;à un drame»</strong></h4>
<p>«La journée du départ d’Arafat et ses troupes de l’OLP est une chose absolument incroyable et poignante. Ce sont des milliers d&#39;hommes armés qui partent, sur des bateaux, et qui laissent derrière leur femme, leur famille, les enfants, les vieillards qui restent à Beyrouth, essentiellement dans deux camps qui s&#39;appellent Sabra et Chatila, dans la banlieue sud. On sait qu’on est en train de créer une situation qui ne peut aboutir qu&#39;à un drame. Il n&#39;y a plus de combattants pour défendre les familles.</p><p>Parallèlement à ça, au Liban à cette époque-là, il y a la montée d&#39;un leader qui s&#39;impose à tous, qui est Gemayel, et Bachir Gemayel est élu président. A peine élu, peut-être trois semaines après son élection si mes souvenirs sont bons, il est assassiné. Qui, quoi, comment? Personne ne le saura jamais, l&#39;histoire ne l&#39;a pas encore dit. <em>(En 2017, 35 ans après les faits, <a href="https://www.lorientlejour.com/article/1079477/assassinat-de-bachir-gemayel-habib-chartouni-et-nabil-alam-condamnes-a-mort.html" rel="nofollow noopener" target="_blank">ont été condamnés par contumace</a> au Liban deux des assassins de Bachir Gemeyel, tous deux membres du Parti syrien national social, piloté par Damas, ndlr.)</em></p><p>Mais à partir de là, les combattants chrétiens alliés d&#39;Israël sont évidemment dans une rage et dans un désir de vengeance épouvantable. On aboutit à cette situation qui est historiquement connue qui était le grand massacre de centaines et de centaines de Palestiniens. Je ne prononcerai pas le chiffre exact, puisqu&#39;on est les seuls au CICR à le connaître et qu&#39;on ne l&#39;a jamais livré au public. <em>(Les évaluations oscillent entre 460, selon le rapport officiel du procureur général de l&#39;armée libanaise au moment des faits, et 3000-3500 victimes, selon des <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1987/07/10/combien-de-morts-a-sabra-et-a-chatila_4047331_1819218.html" rel="nofollow noopener" target="_blank">travaux historiques plus tardifs</a>, ndlr.)»</em></p>
<h3><strong>Jean-Jacques Frésard</strong></h3>

<h4><strong>«Les malades avaient été achevés dans les lits»</strong></h4>
<p><em>Dès qu’ils entendent les premières rafales, les délégués du CICR Carlos Bauverd et Jean-Jacques Frésard demandent à pouvoir entrer dans les camps, mais l’armée israélienne ceinture le périmètre pendant que les phalangistes se livrent aux massacres. L’équipe du CICR doit patienter deux jours, avant de découvrir des horreurs qui les marqueront à jamais.</em></p><p>«On est entrés dans les camps. Est-ce que c&#39;était le vendredi 17, le samedi 18 [septembre 1982]? Je ne suis pas sûr. On a été en direction de l&#39;hôpital d’Acca à Chatila, et très vite, à l&#39;entrée du camp, on a vu des cadavres partout. Ils étaient déjà morts depuis 48 heures. Il faisait très chaud encore en ce mois de septembre. Ils étaient déjà gonflés, déjà un peu mangés par la vermine. Le premier que j&#39;ai vu, c&#39;est un vieillard, les cheveux tout blancs, le poing dressé comme ça, couché. Il y avait des femmes qui avaient les mains liées dans le dos, les jupes retroussées. Pas besoin de vous expliquer ce qui leur était arrivé. Il y en avait comme ça, beaucoup.</p><a href="/articles/massacres-de-sabra-et-chatila-quand-israel-laisse-faire-et-que-le-cicr-doit-se-taire">Voir plus</a>

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