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En Suisse, les barrages sont mieux contrôlés que les virus

<img src="https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/e7c5faa7-4ace-4093-9927-523861e67754/medium" /><p>OPINION. La Suisse possède deux laboratoires P4 fédéraux, à Mittelhäusern et Spiez, destinés à manipuler des pathogènes ultra dangereux. Mais le contrôle de leur sécurité n&#39;est pas à la hauteur de l&#39;enjeu, pointe notre chroniqueur Michel Huissoud, ex-directeur du Contrôle fédéral des finances.</p><p>Nous avons un problème avec les laboratoires biologiques de très haute sécurité. La Suisse en exploite deux, dans le canton de Berne: un civil, l&#39;Institut de virologie et d&#39;immunologie (IVI), et un militaire, le laboratoire ABC de Spiez. Juste avant les vacances d’été, la très sérieuse Commission de gestion du Conseil national <a href="https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20233965" rel="nofollow noopener" target="_blank">estimait</a> qu’il était urgent d&#39;uniformiser et de renforcer l&#39;activité de contrôle des cantons sur ces installations, tout en intensifiant la surveillance de la Confédération.</p><p>Plus d’une quarantaine de ces laboratoires P4 (le plus haut niveau de sécurité biologique) ont été identifiés dans une vingtaine de pays, dont le fameux laboratoire de Wuhan. Ils mènent des recherches dangereuses, sur des virus létaux contre lesquels n&#39;existe pas de traitement efficace. Certains chercheurs vont plus loin et tentent des «<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Gain-of-function_research" rel="nofollow noopener" target="_blank">gains de de fonction</a>». Ils ont ainsi réussi à rendre des pathogènes plus transmissibles, plus virulents, plus immunogènes. De nombreux scientifiques ont donné l’alerte sur les risques liés à ces manipulations de laboratoire.</p>Et en Suisse? Rien ne bouge et nous avons la situation classique… Notre chère vieille Constitution fédérale parle de la sécurité des barrages, mais pas des pathogènes. La Confédération surveille donc la sécurité des barrages, mais les virus sont l’affaire des cantons. De celui de Berne, en l’occurrence. Aucune loi ne définit les règles minimales de sécurité à respecter. L’IVI et le Département fédéral de l’intérieur l’écrivent tranquillement: la responsabilité principale en matière de sécurité des laboratoires biologiques de haute sécurité incombe aux institutions concernées.

Le canton de Berne semble bien se fendre de quelques inspections, mais à un rythme pas vraiment convaincant. Le dernier rapport disponible date de 2008, il a donc 15 ans…

Toute cette affaire a été mise au jour par un [audit](https://www.efk.admin.ch/images/stories/efk_dokumente/publikationen/_bildung_und_soziales/gesundheit/20417/20417BE-Endgueltige-Fassung-V04.pdf) du Contrôle fédéral des finances. Une petite précision oubliée par la Commission de gestion du Conseil national. Mais il y a un problème plus intéressant. Cette commission recevra probablement dans quatre mois la réponse classique du Conseil fédéral: «Il faut modifier la Constitution si vous souhaitez mieux contrôler les virus et les laboratoires de haute sécurité».

Modifier la Constitution fédérale? Et pourquoi pas?\
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**<section class=box>Un mot sur notre chroniqueur**

Juriste de formation, expert en audit, «shérif» pour les médias, Michel Huissoud a été chargé de la surveillance de l’administration fédérale durant plus de trente ans. Il milite aujourd’hui pour [une révision totale de la Constitution fédérale](https://www.demokratie.ch/blog/update-schweiz), et signe des chroniques pour le magazine alémanique *Beobachter* et *Heidi.news*.**</section>**

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